Face aux nouvelles réglementations relatives à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises), aux risques écologiques et sociaux qui pèsent sur les entreprises et à la nécessaire transition vers des modèles plus responsables, les entreprises doivent faire preuve d’agilité et anticiper l’évolution de leur modèle pour garantir leur robustesse.
L’entreprise humaniste pourrait représenter un modèle compatible propice à cette nécessaire transformation.
Mais qu'est-ce que l'entreprise humaniste ?
Selon l'ouvrage éponyme publié en 2012 et coordonné par Jacques Horovitz, elle serait un lieu d'expérimentation, d'innovation et même de rêverie. Conçue à taille humaine et organisée en réseau cellulaire, elle serait écologique, solidaire et tolérante. Plus tard, Jacques Lecomte, dans son ouvrage "Les Entreprises Humanistes" paru en 2016, évoque les entreprises convivialistes, qui mettent l'accent sur le bien-être des salariés, la qualité du service client et la préservation de l'environnement. Les dirigeants humanistes, selon les études de Lecomte, seraient attentifs à ces trois aspects simultanément.
Revendiquer davantage d'humanité implique un réel souci de l'autre, une profonde empathie pour comprendre ses besoins et établir une relation authentique et équilibrée. Ce souci pour le vivant, qu'il soit humain ou non, découle naturellement de cette approche. En se décentrant ainsi, l'individu humaniste fait preuve de curiosité et d'émerveillement, en témoignant d'une grande considération pour le monde vivant auquel il appartient.
L'épanouissement personnel au travail dépasse largement le simple bien-être en entreprise.
L'entreprise humaniste s'engage à permettre à chaque collaborateur d'exprimer ses talents et de se réaliser au service du projet collectif. Le terme "collaborateur" est souvent remplacé par "Talent" dans ce contexte, non par démagogie, mais dans le souci sincère de révéler le potentiel humain de chacun. Croire en l'Homme et en sa capacité à se surpasser lorsqu'il est soutenu et encouragé fait partie intégrante de cette philosophie. Cela ne signifie pas que chaque individu peut exercer n'importe quel métier, mais plutôt que l'entreprise a la responsabilité de placer chaque talent à la bonne place pour qu'il puisse exprimer son plein potentiel.
Cette quête d'épanouissement s'accompagne nécessairement d'une organisation plus horizontale et d'un style de management plus libérateur. Le leader humaniste adapte son management à chacun des membres de son équipe et adopte une posture de "servant leader", se mettant ainsi au service des talents pour les aider à accomplir leur mission au sein de l'entreprise.
Des relations authentiques pour un collectif solidaire
L'épanouissement individuel nécessite une connaissance de soi mais également une curiosité envers autrui. Dans l'entreprise humaniste, chaque talent est conscient de son utilité pour les autres et sait tirer parti de la diversité des compétences présentes. Le feedback devient ainsi un outil précieux pour faire progresser les relations dans un climat de confiance et d'authenticité.
L'entreprise humaniste favorise des relations authentiques et le principe de réciprocité non seulement entre ses talents, mais également avec ses partenaires. Le client et le fournisseur sont considérés comme des partenaires, et les interactions se font d'humain à humain. Cette approche renforce la solidité de l'écosystème humain de l'entreprise.
Un projet commun
Dans l'entreprise humaniste, le projet commun dépasse les intérêts individuels. Le collectif poursuit un but commun pour lequel chaque individu est invité à libérer son potentiel et à révéler ses talents. La raison d'être est claire pour mobiliser, mais les méthodes évoluent avec les équipes. Cela nécessite une confiance a priori, favorisant l'autonomie et l'agilité, et évitant ainsi l'inertie liée à une hiérarchie lourde et à des processus trop rigides.
Les principes de l'entreprise humaniste facilitent la transition des entreprises vers des modèles régénératifs en s'adaptant continuellement aux talents et aux partenaires, et en valorisant la richesse individuelle de chacun.
Il n’est pas question de faire rentrer les individus dans un moule façonné par l'entreprise, mais plutôt de tirer parti de la richesse individuelle de chacun pour façonner l’entreprise.
Cette philosophie fait écho à plusieurs principes du vivant dont l’économie régénératrice nous invite à nous inspirer.
Avec l’entreprise régénératrice, les paradigmes classiques sont remis en cause, on cherche un décentrage, la création d’un écosystème robuste ou chaque partie prenante co-créatrice est reliée aux autres par des intérêts réciproques et équilibrés. Dans une telle économie, la diversité et la singularité sont clés dans la robustesse du système.
L’approche par l’expérimentation prônée par l’économie régénératrice nécessite un lâcher-prise, une confiance dans le collectif et dans les individus qui le constituent. C’est bel et bien cette posture qu’incarne le leader humaniste, et qui favorise la transition vers ce modèle vertueux.
Et si la clé pour rendre les entreprises compatibles et résilientes face aux limites planétaires commençait par remettre de l’humanisme au cœur des entreprises ?
Ces réflexions vous inspirent ? Voici quelques ouvrages qui pourraient vous plaire :
- L’Entreprise Humaniste – Jacques Horovitz
- L’Entreprise une histoire de cœur – Hubert Joly
- L’Entreprise altruiste – Isaac Getz
- L’Entreprise contributive - Fabrice Bonnifet, Céline Puff Ardichvili
Si vous souhaitez échanger et débattre sur le sujet de l'entreprise humaniste, n'hésitez pas à me contacter à l'adresse suivante : cschwartz@chateauform.com