Vers une symbiose de l’économie et de l’écologie avec l’écosalvie

L'écosalvie est un néologisme qui combine "éco" (du grec "oikos", signifiant maison ou habitat) et "salvie" (du latin "salvus", signifiant sain ou sauvé). Imaginez que vous êtes le majordome de notre grande maison, la Terre. Vous ne vous contenteriez pas de la dépoussiérer superficiellement, non ? Vous comprendriez son fonctionnement et prendriez des décisions éclairées pour avoir une maison saine et garantir sa pérennité. Voilà l’essence de l’écosalvie : administrer notre maison commune, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les générations futures. En somme, c’est la définition du développement durable donnée par le rapport Brundtland de 1987 : "répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs."

Être "durable", tout autant que d’être "soutenable" ou "responsable", réside dans le fait de reconsidérer la notion de temporalité. Être durable, c’est aller au-delà de l’immédiat, c’est être conscient du temps long. Oui, au développement s'il dure, et oui au progrès s'il perdure ! Pour illustrer cette idée, citons Épicure pour qui : "Le plaisir n’est pas un mal en soi, mais certains plaisirs apportent plus de mal que de plaisir." Oui au plaisir immédiat donc, mais si et seulement si cela ne se fait pas au détriment des plaisirs futurs. À la manière de Gro Harlem Brundtland, nous pourrions dire : "Le développement n’est pas un mal en soi, mais certains développements apportent plus de régressions que de développements." Et même faire une Raffarinade telle que : "Le plus n’est pas un mal en soi, mais certains plus apportent plus de moins que de plus."

L’écosalvie doit être ce troisième pilier assurant la stabilité du système global, équilibrant notre civilisation avec les millions d'autres espèces vivantes, qui nous sont nécessaires, y compris ces petits colocataires invisibles, les micro-organismes, qui vivent en nous, en nombre aussi important que nos propres cellules. Il est crucial de réconcilier les défenseurs de l’économie et de l’écologie, qui sont malheureusement souvent en opposition.

Kate Raworth, avec sa théorie du Donut, nous aide à visualiser cette notion d’écosalvie. Le centre du Donut représente la zone où les besoins essentiels ne sont pas satisfaits, tandis que l’extérieur représente les limites planétaires. Le Donut étant lui, la zone commune à cette satisfaction des besoins humains, dans le respect des limites planétaires.

C’est aussi la même idée derrière le concept de triple bottom line et de ses 3P : Profit, People, Planet qui propose une approche équilibrée entre ces 3 piliers fondamentaux pour nos organisations et mettant le "People" toujours au centre entre le "Profit" et la "Planet", mais en équilibre.

Au niveau réglementaire, après 50 ans de tergiversations suite au rapport Meadows du Club de Rome de 1972, nous avons enfin un "Green Deal" européen ambitieux qui a intégré la nécessité d’avoir une planète en bonne santé. La dernière directive en date est la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), elle impose dès à présent aux grandes entreprises une double comptabilité : celle des impacts de l’environnement sur l’entreprise mais aussi des impacts de l’entreprise sur l’environnement.Cette directive est importante car la situation environnementale s’aggrave rapidement, le temps nous est compté, il est temps d'accélérer la transition.
Pour mettre en place cette démarche d’écosalvie, il faut :

1. Comprendre l’environnement : Comment fonctionne-t-il aujourd'hui ? Comment a-t-il fonctionné par le passé ? Comment faire pour qu'il continue à fonctionner demain ? Cela nécessite de former plus de scientifiques pour améliorer nos connaissances et de renforcer la formation des sciences du vivant à tous les niveaux. Pour saisir la complexité de notre écosystème, nous devons nous appuyer sur une multitude de disciplines : la biologie, la climatologie, l’écologie, et bien d’autres encore. Chaque discipline permet de construire notre compréhension globale. Pourquoi défendre avec autant de vigueur la préservation des abeilles ? Ces insectes jouent un rôle crucial dans la pollinisation, et donc dans toutes les productions agricoles, notamment pour le coton, matière première de nos vêtements. Et les scientifiques ont découvert que l'utilisation excessive de pesticides était l'une des principales causes de leur déclin. Sans ce savoir, impossible d’agir.

2. Définir les besoins avec précision car avant de satisfaire ces besoins, il faut les définir. Savoir différencier les besoins exprimés, apparents et profonds. Le désir d'acquérir une voiture de sport est un besoin "exprimé" mais en "apparence" le besoin est celui d’une voiture pour se déplacer. En apparence seulement car il s’agit peut-être uniquement d’un besoin de mobilité urbaine individuelle sur courte distance. Un tel besoin pourrait être satisfait avec un vélo. Cette réflexion trouve une similitude avec la classification des désirs d’Épicure. Il les classe selon leur importance, il y a : les désirs naturels et nécessaires (comme manger ou boire), puis les désirs naturels mais non nécessaires (comme s’amuser ou rire), et enfin les désirs non naturels (comme posséder ou diriger). Cette classification de nos besoins permet de réfléchir à notre consommation. Pourquoi consommons-nous autant ? Quel est le véritable besoin derrière chaque achat ? Il s’agit d’adopter une approche plus réfléchie et moins impulsive. Plutôt que d’acheter des vêtements chaque saison, pourquoi ne pas investir dans des pièces plus qualitatives, durables et intemporelles ? Cette démarche permet de redimensionner, à la baisse, nos besoins et permet donc de réduire notre empreinte écologique, mais aussi de réduire le coût économique.

3. Agir pour produire durablement les biens et services nécessaires en suivant les principes de l’économie circulaire. Produire durablement signifie utiliser et réutiliser les ressources de manière à minimiser notre empreinte écologique. L’économie circulaire se base sur plusieurs principes : réduire, réutiliser, recycler. Au lieu de jeter nos déchets alimentaires, nous pouvons les composter pour enrichir les sols. De même, les objets que nous n’utilisons plus peuvent être réparés, partagés ou recyclés plutôt que d’être jetés. En adoptant ces pratiques, nous réduisons notre consommation de ressources naturelles et notre production de déchets. Revenons à nos vêtements. L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. En passant à une économie circulaire, les entreprises peuvent produire des vêtements à partir de matériaux recyclés, réduire les déchets textiles et promouvoir la durabilité. Des marques commencent déjà à adopter ces pratiques, en proposant des collections réalisées à partir de textiles recyclés ou en encourageant les clients à retourner leurs anciens vêtements pour qu’ils soient recyclés. 

L'écosalvie consiste donc à trouver le meilleur équilibre entre la satisfaction des besoins et la capacité de notre planète à nous les fournir. C’est une économie qui cherche à se rapprocher de l’écologie et inversement. C’est comprendre ce qui nous entoure avant tout, pour jouir un maximum, oui, mais d’un minimum de choses en utilisant ce que nous avons déjà, et ensuite, et seulement ensuite, agir pour produire nos besoins additionnels. Il ne faut pas confondre le pouvoir d’achat pour se procurer ce qui est nécessaire et le désir d’achats pour tout ce qui est secondaire.

Réussir cette démarche nécessite au préalable de relativiser et même remettre en cause la pertinence de nos anciens modèles : de croissance, de performance et de compétition.

1. Sortir de l'idéologie de la croissance infinie, car dans un monde fini, cette croissance est illusoire. Même une étoile ne peut vivre éternellement et c’est heureux car c’est en son sein que naissent les atomes qui seront ensuite dispersés dans l’univers et que l’on retrouve sur Terre. La croissance est toujours suivie de décroissance, c’est un cycle permanent, c’est le "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" de Lavoisier. Cependant, l’idée de croissance infinie est profondément ancrée dans nos économies, malgré la réalité des limites physiques de notre planète. Nous devons envisager une croissance qualitative plutôt que quantitative. Au lieu de toujours produire plus, pourquoi ne pas produire mieux ? Une croissance durable se concentre sur la qualité de vie et sur l’innovation durable.

2. Passer enfin de la performance à la robustesse. La performance économique vise à générer toujours plus de gains, toujours plus rapidement, tandis que la robustesse cherche l'efficacité sur le long terme. Là où la performance signifie "plus", plus de succès ou de profits. La robustesse signifie"moins", moins de pertes ou d’erreurs. Dans un monde où les crises sont de plus en plus fréquentes, qu’elles soient économiques, climatiques ou sanitaires, la robustesse devient une qualité indispensable. Les organisations dans leur ensemble doivent se préparer à ces chocs en adoptant des modèles flexibles et résilients. Cela inclut des compétences telles que l’adaptabilité ou la capacité à rebondir.

3. Limiter la compétition pour favoriser une collaboration plus intelligente. La compétition c’est la tragédie des biens communs, la surexploitation des ressources. L’individu passe avant le groupe et ne se soucie guère des effets sur le collectif. L’intelligence collective et la coopération permettent de gérer durablement les ressources communes pour le bien de tous. Aucun pays ne peut combattre seul le changement climatique. Il faut une collaboration internationale pour partager les technologies, les ressources et les meilleures pratiques. Les entreprises aussi peuvent bénéficier de la coopération. Les consortiums d’innovation, où plusieurs entreprises collaborent pour développer de nouvelles technologies, sont un exemple de la manière dont la coopération peut accélérer le progrès.

L'écosalvie nous invite à repenser notre relation avec l'économie et l'écologie, en intégrant des valeurs de durabilité, de circularité, de robustesse et de collaboration. En adoptant ces principes, nous pouvons créer un modèle de développement basé sur l’usage et la fonctionnalité qui réconcilie les besoins économiques avec les impératifs écologiques, assurant ainsi un avenir durable pour tous. L’entreprise doit évoluer vers un modèle où chacun travaille ensemble pour et avec le collectif, plutôt que pour des intérêts personnels à court terme. En fin de compte, il s'agit de bâtir un avenir où la fin du mois et la fin du monde ne s’opposent plus, mais coexistent harmonieusement.

L’écosalvie est aussi une urgence vitale pour assurer notre survie à court terme et celle de notre planète telle que nous la connaissons.

L’écosalvie, c’est comprendre ce qui nous entoure, jouir de ce que nous avons déjà, et ensuite agir pour produire si nous avons un réel besoin additionnel. Comme le disait si bien Saint-Exupéry : "Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »

L'écosalvie, c'est finalement rendre la maison en meilleur état que nous l'avons trouvée.

Un article de :
Thibaut Massiet du Biest
Thibaut Massiet du Biest
Spécialiste en Achats Durables, membre du conseil de l’ADRA (Association des Directeurs et Responsables Achats)
Vers une symbiose de l’économie et de l’écologie avec l’écosalvie
Ecologie
11 minutes de lecture

Vers une symbiose de l’économie et de l’écologie avec l’écosalvie

Publié le
14 juin 2024
Vers une symbiose de l’économie et de l’écologie avec l’écosalvie
Auteur(s)
Thibaut Massiet du Biest
Thibaut Massiet du Biest
Spécialiste en Achats Durables, membre du conseil de l’ADRA (Association des Directeurs et Responsables Achats)
Vers une symbiose de l’économie et de l’écologie avec l’écosalvie

L'écosalvie est un néologisme qui combine "éco" (du grec "oikos", signifiant maison ou habitat) et "salvie" (du latin "salvus", signifiant sain ou sauvé). Imaginez que vous êtes le majordome de notre grande maison, la Terre. Vous ne vous contenteriez pas de la dépoussiérer superficiellement, non ? Vous comprendriez son fonctionnement et prendriez des décisions éclairées pour avoir une maison saine et garantir sa pérennité. Voilà l’essence de l’écosalvie : administrer notre maison commune, non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les générations futures. En somme, c’est la définition du développement durable donnée par le rapport Brundtland de 1987 : "répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs."

Être "durable", tout autant que d’être "soutenable" ou "responsable", réside dans le fait de reconsidérer la notion de temporalité. Être durable, c’est aller au-delà de l’immédiat, c’est être conscient du temps long. Oui, au développement s'il dure, et oui au progrès s'il perdure ! Pour illustrer cette idée, citons Épicure pour qui : "Le plaisir n’est pas un mal en soi, mais certains plaisirs apportent plus de mal que de plaisir." Oui au plaisir immédiat donc, mais si et seulement si cela ne se fait pas au détriment des plaisirs futurs. À la manière de Gro Harlem Brundtland, nous pourrions dire : "Le développement n’est pas un mal en soi, mais certains développements apportent plus de régressions que de développements." Et même faire une Raffarinade telle que : "Le plus n’est pas un mal en soi, mais certains plus apportent plus de moins que de plus."

L’écosalvie doit être ce troisième pilier assurant la stabilité du système global, équilibrant notre civilisation avec les millions d'autres espèces vivantes, qui nous sont nécessaires, y compris ces petits colocataires invisibles, les micro-organismes, qui vivent en nous, en nombre aussi important que nos propres cellules. Il est crucial de réconcilier les défenseurs de l’économie et de l’écologie, qui sont malheureusement souvent en opposition.

Kate Raworth, avec sa théorie du Donut, nous aide à visualiser cette notion d’écosalvie. Le centre du Donut représente la zone où les besoins essentiels ne sont pas satisfaits, tandis que l’extérieur représente les limites planétaires. Le Donut étant lui, la zone commune à cette satisfaction des besoins humains, dans le respect des limites planétaires.

C’est aussi la même idée derrière le concept de triple bottom line et de ses 3P : Profit, People, Planet qui propose une approche équilibrée entre ces 3 piliers fondamentaux pour nos organisations et mettant le "People" toujours au centre entre le "Profit" et la "Planet", mais en équilibre.

Au niveau réglementaire, après 50 ans de tergiversations suite au rapport Meadows du Club de Rome de 1972, nous avons enfin un "Green Deal" européen ambitieux qui a intégré la nécessité d’avoir une planète en bonne santé. La dernière directive en date est la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), elle impose dès à présent aux grandes entreprises une double comptabilité : celle des impacts de l’environnement sur l’entreprise mais aussi des impacts de l’entreprise sur l’environnement.Cette directive est importante car la situation environnementale s’aggrave rapidement, le temps nous est compté, il est temps d'accélérer la transition.
Pour mettre en place cette démarche d’écosalvie, il faut :

1. Comprendre l’environnement : Comment fonctionne-t-il aujourd'hui ? Comment a-t-il fonctionné par le passé ? Comment faire pour qu'il continue à fonctionner demain ? Cela nécessite de former plus de scientifiques pour améliorer nos connaissances et de renforcer la formation des sciences du vivant à tous les niveaux. Pour saisir la complexité de notre écosystème, nous devons nous appuyer sur une multitude de disciplines : la biologie, la climatologie, l’écologie, et bien d’autres encore. Chaque discipline permet de construire notre compréhension globale. Pourquoi défendre avec autant de vigueur la préservation des abeilles ? Ces insectes jouent un rôle crucial dans la pollinisation, et donc dans toutes les productions agricoles, notamment pour le coton, matière première de nos vêtements. Et les scientifiques ont découvert que l'utilisation excessive de pesticides était l'une des principales causes de leur déclin. Sans ce savoir, impossible d’agir.

2. Définir les besoins avec précision car avant de satisfaire ces besoins, il faut les définir. Savoir différencier les besoins exprimés, apparents et profonds. Le désir d'acquérir une voiture de sport est un besoin "exprimé" mais en "apparence" le besoin est celui d’une voiture pour se déplacer. En apparence seulement car il s’agit peut-être uniquement d’un besoin de mobilité urbaine individuelle sur courte distance. Un tel besoin pourrait être satisfait avec un vélo. Cette réflexion trouve une similitude avec la classification des désirs d’Épicure. Il les classe selon leur importance, il y a : les désirs naturels et nécessaires (comme manger ou boire), puis les désirs naturels mais non nécessaires (comme s’amuser ou rire), et enfin les désirs non naturels (comme posséder ou diriger). Cette classification de nos besoins permet de réfléchir à notre consommation. Pourquoi consommons-nous autant ? Quel est le véritable besoin derrière chaque achat ? Il s’agit d’adopter une approche plus réfléchie et moins impulsive. Plutôt que d’acheter des vêtements chaque saison, pourquoi ne pas investir dans des pièces plus qualitatives, durables et intemporelles ? Cette démarche permet de redimensionner, à la baisse, nos besoins et permet donc de réduire notre empreinte écologique, mais aussi de réduire le coût économique.

3. Agir pour produire durablement les biens et services nécessaires en suivant les principes de l’économie circulaire. Produire durablement signifie utiliser et réutiliser les ressources de manière à minimiser notre empreinte écologique. L’économie circulaire se base sur plusieurs principes : réduire, réutiliser, recycler. Au lieu de jeter nos déchets alimentaires, nous pouvons les composter pour enrichir les sols. De même, les objets que nous n’utilisons plus peuvent être réparés, partagés ou recyclés plutôt que d’être jetés. En adoptant ces pratiques, nous réduisons notre consommation de ressources naturelles et notre production de déchets. Revenons à nos vêtements. L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. En passant à une économie circulaire, les entreprises peuvent produire des vêtements à partir de matériaux recyclés, réduire les déchets textiles et promouvoir la durabilité. Des marques commencent déjà à adopter ces pratiques, en proposant des collections réalisées à partir de textiles recyclés ou en encourageant les clients à retourner leurs anciens vêtements pour qu’ils soient recyclés. 

L'écosalvie consiste donc à trouver le meilleur équilibre entre la satisfaction des besoins et la capacité de notre planète à nous les fournir. C’est une économie qui cherche à se rapprocher de l’écologie et inversement. C’est comprendre ce qui nous entoure avant tout, pour jouir un maximum, oui, mais d’un minimum de choses en utilisant ce que nous avons déjà, et ensuite, et seulement ensuite, agir pour produire nos besoins additionnels. Il ne faut pas confondre le pouvoir d’achat pour se procurer ce qui est nécessaire et le désir d’achats pour tout ce qui est secondaire.

Réussir cette démarche nécessite au préalable de relativiser et même remettre en cause la pertinence de nos anciens modèles : de croissance, de performance et de compétition.

1. Sortir de l'idéologie de la croissance infinie, car dans un monde fini, cette croissance est illusoire. Même une étoile ne peut vivre éternellement et c’est heureux car c’est en son sein que naissent les atomes qui seront ensuite dispersés dans l’univers et que l’on retrouve sur Terre. La croissance est toujours suivie de décroissance, c’est un cycle permanent, c’est le "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" de Lavoisier. Cependant, l’idée de croissance infinie est profondément ancrée dans nos économies, malgré la réalité des limites physiques de notre planète. Nous devons envisager une croissance qualitative plutôt que quantitative. Au lieu de toujours produire plus, pourquoi ne pas produire mieux ? Une croissance durable se concentre sur la qualité de vie et sur l’innovation durable.

2. Passer enfin de la performance à la robustesse. La performance économique vise à générer toujours plus de gains, toujours plus rapidement, tandis que la robustesse cherche l'efficacité sur le long terme. Là où la performance signifie "plus", plus de succès ou de profits. La robustesse signifie"moins", moins de pertes ou d’erreurs. Dans un monde où les crises sont de plus en plus fréquentes, qu’elles soient économiques, climatiques ou sanitaires, la robustesse devient une qualité indispensable. Les organisations dans leur ensemble doivent se préparer à ces chocs en adoptant des modèles flexibles et résilients. Cela inclut des compétences telles que l’adaptabilité ou la capacité à rebondir.

3. Limiter la compétition pour favoriser une collaboration plus intelligente. La compétition c’est la tragédie des biens communs, la surexploitation des ressources. L’individu passe avant le groupe et ne se soucie guère des effets sur le collectif. L’intelligence collective et la coopération permettent de gérer durablement les ressources communes pour le bien de tous. Aucun pays ne peut combattre seul le changement climatique. Il faut une collaboration internationale pour partager les technologies, les ressources et les meilleures pratiques. Les entreprises aussi peuvent bénéficier de la coopération. Les consortiums d’innovation, où plusieurs entreprises collaborent pour développer de nouvelles technologies, sont un exemple de la manière dont la coopération peut accélérer le progrès.

L'écosalvie nous invite à repenser notre relation avec l'économie et l'écologie, en intégrant des valeurs de durabilité, de circularité, de robustesse et de collaboration. En adoptant ces principes, nous pouvons créer un modèle de développement basé sur l’usage et la fonctionnalité qui réconcilie les besoins économiques avec les impératifs écologiques, assurant ainsi un avenir durable pour tous. L’entreprise doit évoluer vers un modèle où chacun travaille ensemble pour et avec le collectif, plutôt que pour des intérêts personnels à court terme. En fin de compte, il s'agit de bâtir un avenir où la fin du mois et la fin du monde ne s’opposent plus, mais coexistent harmonieusement.

L’écosalvie est aussi une urgence vitale pour assurer notre survie à court terme et celle de notre planète telle que nous la connaissons.

L’écosalvie, c’est comprendre ce qui nous entoure, jouir de ce que nous avons déjà, et ensuite agir pour produire si nous avons un réel besoin additionnel. Comme le disait si bien Saint-Exupéry : "Nous n’héritons pas de la Terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants. »

L'écosalvie, c'est finalement rendre la maison en meilleur état que nous l'avons trouvée.